En 1953, les Amis du Théâtre populaire (ATP) se réunissent autour d’Henri Laborde, en soutien à Jean Vilar, au moment de la « bataille de Chaillot » – une campagne destinée à le chasser du TNP.
Dès la fin de l’année 1951, Vilar fait face à de nombreuses critiques de la classe politique lui reprochant de ne se produire qu’en banlieue parisienne, de jouer des œuvres étrangères (Le Prince de Hombourg) et communistes – Brecht est un auteur d’Allemagne de l’Est. Pire, il est accusé de détournement de fonds publics. L’année suivante, il essuie les critiques de la presse, suite aux échecs de Nucléa et La Nouvelle Mandragore, deux pièces contemporaines.
Pour nous, le théâtre populaire est moins lié, dans sa définition, à un répertoire particulier ou même à une catégorie de spectateurs qu’à certaines formes de relation entre le public et le théâtre »
Henri Laborde, « Qu’est-ce que l’Association des Amis du Théâtre populaire ?
Les ATP installent leur siège à Chaillot et se donnent pour mission de reconnaître une participation active du spectateur qui passe par un travail de formation. Pour cela, ils créent des revues d’information sur le théâtre (Bref, Théâtre populaire dirigée par Robert Voisin et dont Roland Barthes fait partie du comité de rédaction), organisent des conférences, des débats, des séances d’initiation à la technique du théâtre (mise en scène, interprétation, décoration, éclairage, etc.) animées par Vilar et ses équipes, des matinées scolaires au TNP, etc.
En 1954, Jean Autrand fonde les ATP d’Avignon qui organisent les premières manifestations annexes du Festival : les conférences sur les œuvres représentées, les entretiens avec les comédiens et les techniciens et les dialogues avec Vilar, au Verger Urbain V ; des séances au cinéma Le Palace en rapport avec le programme de la Cour ; le bal du TNP dans le jardin des Doms ; des matches de football ou de volley-ball avec les comédiens.
Ils se chargent aussi de l’accueil et de l’hébergement du public, bien au-delà des capacités de l’hôtellerie, des auberges de jeunesse et des campings – ils aménagent de nouveaux terrains de camping et des centres de séjour dans les écoles publiques.
Dès 1955, les ATP d’Avignon décident de prendre l’entière responsabilité financière d’une saison théâtrale, au Théâtre municipal – pour 1 000 anciens francs, les abonnés peuvent ainsi assister à quatre représentations dans la saison.