Le 5e Festival d’Avignon – du 15 au 26 juillet 1951 – scelle la fructueuse collaboration entre Gérard Philippe et Jean Vilar.
Deux jours après la création du Prince de Hombourg de Kleist, dans la Cour d’honneur– le 15 juillet – il se blesse lors d’une répétition du Cid. Il fait une chute de 2,50m, heureusement amortie par son costume à bourrelets. La reprise de la pièce de Corneille a lieu le 18, dans la Cour. Il joue immobile ou assis, ses intentions sont considérablement réduites, mais son interprétation est un triomphe.
On n’imagine plus que Le Cid puisse être joué par quelqu’un d’autre : Gérard Philipe est Rodrigue lui-même. Comme on restaure un tableau ancien, il restitue à la tragi-comédie de Corneille toute sa jeunesse et toute sa fraîcheur, nous donnant à croire qu’elle a été écrite cette année, pour nous.
Morvan Lebesque
Dans le Verger Urbain V, il dévoile son impressionnante palette de jeu, en interprétant un personnage d’une grande drôlerie : la courtisane Artemona dans La Calandria du cardinal Divizio de Bibbiena.
L’engouement du public est sans précédent, c’est le début de l’âge d’or du Festival.
Avignon aura été pour Gérard un mariage d’amour avec son public ; ce public que Jean lui avait préparé et qui n’attendait plus que lui. Jean, avec cette prescience qui fait partie de son génie, savait que Gérard était fait pour Avignon comme Avignon était fait pour Gérard.
Léon Gischia
