RETOUR
1959

Disparition de Gérard Philipe, la fin de l’âge d’or

Le 25 novembre 1959, Gérard Philipe disparaît à quelques jours de ses 37 ans.

Sur la scène du Palais de Chaillot, le 28 novembre 1959, le soir même de son enterrement dans le petit cimetière de Ramatuelle, Jean Vilar trouve les mots qui disent son respect et sa peine.

 

Mesdames, Messieurs, Gérard Philipe n’est plus. Dans cette terre qu’il aimait, proche de cette Méditerranée qui le vit naître, voilà qu’il repose depuis la tombée du jour. La mort a frappé haut. Elle a fauché celui-là même qui pour nos filles et nos garçons, pour nos enfants, pour nous-même exprimait la vie. Il reste à jamais gravé dans notre mémoire. Travailleur acharné, travailleur secret, travailleur méthodique, il se méfiait cependant de ses dons qui étaient ceux de la grâce. Il reste un des plus purs visages de notre métier. Il était loyal. Cela aussi, comment l’oublier ? Il était fidèle. Fidèle à ses engagements du premier jour. Quoi qu’il advînt. Quoi qu’il advienne. Cette fidélité de lui à nous, de nous à lui, seule la mort pouvait la rompre. Elle l’a fait. Cependant, il nous faut continuer, c’est une loi de notre métier et ce sera le meilleur hommage à sa mémoire.

 

La disparition de Philipe sonne la fin de l’âge d’or du TNP, qu’il a lui-même fait naître à Avignon, dans le costume du Cid. En début de saison, déjà, Jean Rouvet donne sa lettre de démission, à la tête de l’administration. Maria Casarès, quant à elle, quitte la troupe avec la dernière du Songe d’une nuit d’été. Le 17 mai 1962, la mort de Daniel Sorano achève de donner un coup au moral de Vilar ainsi qu’à l’éclat de la troupe.

À ces nombreux départs, s’ajoute une crise financière. Seul théâtre subventionné à présenter un bilan positif, le TNP n’entre pas dans les préoccupations budgétaires du ministre d’État chargé des affaires culturelles, André Malraux. La fermeture de Chaillot au mois de mai, l’absence d’une grande tournée et les frais de fonctionnement de la nouvelle salle Récamier font de 1959 une année déficitaire.

Pour couronner le tout, plusieurs spectacles ne rencontrent pas leur public, parmi eux les mises en scène contemporaines que Vilar confie à de jeunes comédiens de sa troupe. 

[En lire +]