Le Mariage de Figaro est une œuvre alerte. Certes, l’action dramatique est, au cours des cinq actes, à tout moment recousue par l’auteur. C’est, à n’en pas douter, la grande faiblesse de la pièce, ce trop fréquent replâtrage. Mais Beaumarchais est spirituellement adroit et en quatre ou cinq répliques son intrigue repart.
Et voilà que, là où on pourrait dire qu’il y a faiblesse de l’auteur, on ne peut qu’admirer son adresse sinon son talent.
Jean Vilar à tous les participants du Mariage de Figaro, 11 janvier 1957
Dans une lettre qu’il envoie à Jean Vilar en novembre 1953, Gérard Philipe annonce avoir envie de mettre en scène Le Mariage de Figaro. Il est déjà conscient que le directeur du TNP a la même idée en tête et lui souffle même le nom de Casarès pour le rôle de la comtesse.
Pour Vilar, le rôle de Figaro doit revenir à un acteur qui possède la vis comica, une joie de vivre évidente. Il songe tout de suite à Daniel Sorano et à sa bonne humeur, pour que le monologue du cinquième acte soit le plus naturel possible. Mais quand dans le même acte le rôle exige la mélancolie et la souffrance, il se révèle tout autant un acteur tragique.
Vilar ordonne tableaux et danses rustiques et reprend à la fin de la pièce le « Vaudeville », si souvent délaissé, au cours duquel chacun des personnages chante plaisamment son couplet.
Selon Léon Gischia, Beaumarchais est le premier auteur français à avoir indiqué dans son œuvre un changement à vue. Cela lui donne l’idée de n’effectuer aucun changement de décors : au début de l’acte III, des valets apportent directement les accessoires et les meubles sur scène.
Maurice Jarre quant à lui ne reprend pas la musique que Beaumarchais avait composée lui-même, assez pompeuse à son goût, désuète et trop lente pour le rythme que Vilar voulait donner au spectacle.
– Le Mariage de Figaro
De Beaumarchais (1784)
Création le 15 juillet 1956, Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon
Mise en scène de Jean Vilar
Scénographie Léon Gischia
Costumes Léon Gischia
Lumières Pierre Saveron
Son Maurice Coussonneau
Musique Maurice Jarre
Construction Jacques Le Marquet
Régie générale René Besson, Marcel Magnat
Régie son Maurice Coussonneau
Régie André Collet, Jean-Jacques de Kerday
Avec Lucien Arnaud (huissier), Laurence Badie (fille d’Antonio), Zanie Campan (Marceline), Maurice Coussonneau (Double-Main), Jean Deschamps (comte Almaviva), Yves Gasc (Chérubin), Catherine Le Couey (Suzanne), Silvia Monfort (comtesse Almaviva), Jean-Paul Moulinot (Don Gusman Brid’oison), Philippe Noiret (Bartholo), Guy Saint-Jean (Pédrille), Daniel Sorano (Figaro), Jean Topart (Basile) et Georges Wilson (jardinier du château).
49 représentations, 95 545 spectateurs (1956-1957)