Il est difficile de dissocier Chaillot du travail de Jean Vilar et de l’homme qu’il est ; mais il est aussi difficile de savoir qui est Jean Vilar. Depuis six ans je partage avec lui jour par jour ses joies et ses peines. Je crois avoir gagné sa confiance ; je lui ai toujours donné toute la mienne. Nous sommes liés au-delà du travail par une véritable amitié. Et je me trouve encore complètement désarçonnée quand on me demande qui est Jean Vilar.
Maria Casarès, in Jean Vilar, L’Herne
En 1946, Jean Vilar remplace Jean Chevrier au pied levé, dans Roméo et Jeannette d’Anouilh, au Théâtre de l’Atelier. Il peut ainsi tenir Maria Casarès dans ses bras.
En 1943, elle avait déjà assisté aux débuts parisiens de Gérard Philipe, dans Sodome et Gomorrhe de Giraudoux, au Théâtre Hébertot, avant d’être réunis tous les deux dans Les Épiphanies de Pichette, au Théâtre des Noctambules, en 1948. La même année au cinéma, elle partage l’affiche avec Philipe, dans La Chartreuse de Parme de Christian-Jaque, puis avec Vilar, dans Bagarres d’Henri Calef. Elle retrouve le futur directeur du TNP, dans Le Diable et le bon Dieu de Sartre, au Théâtre Antoine, en juin 1951.
Pour le deuxième Festival d’Avignon, Vilar a déjà l’idée de réunir Casarès et Philipe dans Le Cid. Il lui faudra pourtant attendre 1958 et une tournée du TNP en Amérique du Nord, pour les voir jouer Chimène et Rodrigue, après des répétitions sous le soleil d’Avignon.
Entrée à la Comédie-Française en 1952, Casarès regarde de loin les débuts du TNP à Chaillot. Mais, privée de grands rôles, elle ne peut refuser, en 1954, la seconde proposition de Vilar : jouer Lady Macbeth, au 8e Festival.
Durant cinq années, Casarès est invitée par le TNP. Ses rapports avec Vilar sont directs et francs, comme le montre leur correspondance. Pour Phèdre, en 1957, ses conditions visent à adoucir les cadences infernales du TNP : elle obtient le rallongement de la durée des répétitions et la réduction du nombre de représentations.
Elle restera, durant toute sa carrière, une fidèle de Vilar et du Festival. En 1967, elle joue à la fois Le Triomphe de l’amour au Festival du Marais, dont il existe une captation par la télévision, et revient à la Cour dans Médéa, mise en scène par Lavelli. L’année suivante, Vilar demande à Béjart de créer un spectacle pour elle, lors de la venue des Ballets du XXe siècle. Ce sera Nuit Obscure (Sombre Nuit). En 1970, il a encore deux occasions de la voir sur scène : Early Morning, dans la Cour et Le borgne est roi, aux Carmes.
Maria Casarès mise en scène par Jean Vilar :
1954 Macbeth de William Shakespeare (Lady Macbeth), TNP
1955 La Ville de Paul Claudel (Lâla), TNP
1955 Marie Tudor de Victor Hugo (Marie Tudor), TNP
1955 Le Triomphe de l’amour de Marivaux (Léonide), TNP
1956 Ce fou de Platonov d’Anton Tchekhov (Anna Petrovna Voïnitzev), TNP
1957 Phèdre de Racine (Phèdre), TNP
1958 Le Carrosse du Saint-Sacrement de Prosper Mérimée (Camila Périchole), TNP
1959 Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare (Titania), TNP
1967 Le Triomphe de l’amour de Marivaux, Festival du Marais (captation INA)