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1912

Naissance à Sète

Jean-Louis-Côme Vilar est né le 25 mars 1912 à Sète, entre le mont Saint-Clair et la Méditerranée. Étienne Vilar et Catherine Biron, ses parents, y tiennent le magasin de mercerie-bonneterie portant l’enseigne « Côme Vilar », au numéro 13 de la rue Gambetta.

Corsets et soutiens-gorges, chemises et salopettes, sandales et maillots marins y forment un joyeux capharnaüm. Un petit frère, Lucien, agrandit la famille en mars 1920.

Être formé à ce métier, parallèlement à ses études au lycée, connaître autrui, lui vendre une marchandise honnête, c’est déjà un peu du théâtre, car je crois que le théâtre n’est pas seulement une discipline artistique dans une tour d’ivoire. Bien au contraire, c’est un contact direct avec le spectateur, et – disons-le – avec l’acheteur.
Jean Vilar raconte, Disques Barclay, 1966

Au collège communal, que fréquentèrent en leur temps Paul Valéry, Maurice Clavel, Pierre-Jean Vaillard et Georges Brassens, le petit Jean poursuit une scolarité moyenne. C’est à la maison que se forge son éducation parallèle, entre livres et musique. Il s’enivre de classiques – Shakespeare, Goethe, Balzac, Michelet, Stendhal, Zola, Victor Hugo – dans la collection « Bibliothèque populaire à dix centimes ». Tandis que sa mère lui fait entendre les grands airs d’opéra, son père lui enseigne le violon quotidiennement une heure durant, de ses six ans jusqu’au baccalauréat. Le théâtre reste éloigné de lui à cette époque. Il vit cependant ses premières expériences de comédien-amateur avec ses amis.

Je pense que c’est une des choses qui contraint un garçon qui depuis est devenu directeur d’un théâtre national à s’apercevoir que le vrai théâtre est celui qui quitte les portes de Paris, pour aller faire un tour, non seulement dans les grandes villes, mais dans les toutes petites villes.
Jean Vilar raconte

À Sète, la joute navale est un spectacle accessible à tous. Faut-il voir, dans cette institution populaire, une filiation directe avec les premiers spectacles de plein air qui se joueront dans la Cour d’honneur ? C’est en tout cas à l’âge de 8 ans que le jeune Jean découvre le Palais des Papes, aux côtés de l’une de ses tantes.

Je trouve touchant que, pour fermer ce lieu scénique, tu aies planté sur le plateau de Richard II des bigues qui avaient la proportion de celles qu’on avait vu à Sète. Il y a quelque chose des joutes qui était passé dans le théâtre. Dans les premiers spectacles d’Avignon, tu étais encore à Sète.
Agnès Varda, entretien avec Jean Vilar, 1966

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