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1955

Tournée TNP, pays d’Europe

Je ferais une injure aux aînés de la troupe en leur rappelant à quel point une tenue abracadabrante, des propos inconsidérés, des beuveries d’excités peuvent nuire non seulement à eux-mêmes mais à la troupe d’artistes que j’ai réunis et disons-le nettement, à ce que représente notre pays aux yeux des autres.

Jean Vilar, « Notes sur les tournées à l’étranger », 1953

Entre 1951 et 1963, le TNP effectue 576 représentations à l’étranger, soit 17% du nombre total. La culture assure le prestige de la France dans le monde, elle a une valeur diplomatique. Voilà pourquoi c’est au ministère des Affaires étrangères d’assurer la liaison avec l’Association française d’action artistique (AFAA), organisme du Quay d’Orsay, qui subventionne et prend en charge les manifestations artistiques organisées à l’étranger.

Dès le début des années 1950, l’association finance les tournées internationales de la Comédie-Française et de la Compagnie Renaud-Barrault.

Mais jusqu’en 1954, le TNP est privé de cette aide : ses tournées internationales se limitent alors aux pays européens voisins – Allemagne, Luxembourg, Suisse, Belgique, Italie, Autriche. Cette mise à l’écart sur les scènes internationales par les autorités françaises s’explique par le contexte national dans lequel est plongé le TNP. Son répertoire est jugé trop germanophile et communiste, alors que pullulent les campagnes germanophobes et anticommunistes.

Pourtant, les tournées internationales sont indispensables à la bonne santé financière du TNP : elles permettent d’avoir au moins un budget à l’équilibre, quand la subvention de l’État est insuffisante – le TNP est d’ailleurs déficitaire en 1959, seule année où il n’y a pas de grandes tournées internationales.

Sous la pression des sollicitations du monde entier, le ministère et l’AFAA finissent par subventionner le TNP. Désormais Vilar et sa troupe sont pris chaque année par une grande tournée internationale qui les mène en Europe de l’autre côté du Rideau de Fer.

Chaque membre est en représentation, dans tous les sens du terme. Sur scène, bien sûr il sert les grands classiques français. Son public est différent de celui des tournées nationales : il joue en grande majorité devant l’élite sociale francophile. Le spectacle continue lors des réceptions chez l’ambassadeur – que Vilar souhaite exceptionnelles mais qui sont un passage obligé. La tenue de la comédienne et du comédien doit être exemplaire jusque dans les couloirs des hôtels où les caprices n’ont pas lieu d’être.

 

Tournée en Europe 1954/1955

 

5-20 octobre

  • Pologne : Varsovie, Cracovie + Stalingrad Le Cid, Don Juan, Ruy Blas, L’Avare

23-28 octobre

  • Allemagne : Stuttgart, Munich, Fribourg, Bad-Godesberg, Cologne, Bonn Don Juan

16 mars-27 avril « Tournée dans les pays de l’Est et en Grèce »

  • Allemagne de l’Est : Berlin, Dresde Ruy Blas
  • Tchécoslovaquie : Prague, Brno, Bratislava Le Cid, Don Juan, Ruy Blas
  • Yougoslavie : Liubliana, Zagreb, Sarajevo, Belgrade Le Cid, Don Juan
  • Grèce : Athènes, Salonique Le Cid, Don Juan, Ruy Blas

6-13 mai

  • Suisse : Genève Don Juan, Cinna

19-29 mai

  • Belgique : Bruxelles, Charleroi, Anvers, Ostende Don Juan, Cinna

31 juillet-2 août

  • Italie : Biennale de Venise Don Juan, La Ville

3-4 août

  • Italie : Gardone, villa de Gabriele d’Annunzio, Don Juan

7-9 août

  • Autriche : Festival de Salzbourg, Don Juan
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