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À partir de 1942

Vie de famille

À l’été 1941, lors d’une visite chez sa famille à Sète, Jean Vilar rencontre Andrée Schlegel (1916-2009). D’origine suisse, cette fille de marchands de meubles est peintre, illustratrice, sculptrice, céramiste et poétesse. Le coup de foudre est immédiat : ils se fiancent dans la foulée, et se marient l’été suivant, en juin 1942. Vilar resté à Paris, ils entretiennent une fervente correspondance.

Le jeune homme y évoque notamment l’irrésistible appel des planches, déjà sujet de préoccupation :

Quand je regarde les autres gars de mon âge vivre, il me semble qu’eux seront de bons maris, et que moi, avec mes déformations, et ce but, et ce travail que je me suis donné dès 25 ans, je ne serai pas, je ne pourrai pas être l’attentif, le quotidien visage souriant et sympathique que ton cœur est en droit de réclamer à la vie.
1er janvier 1942

Nourrissant chacune des affinités avec l’univers du théâtre, les deux sœurs d’Andrée établissent avec leur beau-frère une complicité artistique qui ne se démentira pas :

– Suzanne Fournier-Schlegel (1919-2007), engagée très jeune dans le scoutisme au sein de la Fédération Française des Éclaireuses, apprend la photographie professionnelle après la guerre. Épaulé par Agnès Varda – Sétoise également, amie d’Andrée et ancienne Éclaireuse -, Jean Vilar lui mettra le pied à l’étrier : Suzanne couvrira une partie de ses mises en scène à Avignon.

– Valentine Schlegel (1925-2021), diplômée des Beaux-arts de Montpellier, lesbienne et féministe, s’émancipe très tôt et monte à Paris pour profiter de la liberté des mœurs. Elle fait ses armes au premier Festival d’Avignon en tant qu’accessoiriste, et auprès de Léon Gischia pour la création des costumes. Elle y occupe ensuite différents métiers (régisseuse, souffleuse). Sculptrice-céramiste, elle fabrique des santons représentant des personnages des pièces, qu’elle offre aux comédiens. En 1984, elle réalise une statue en bronze de Jean Vilar, pour le théâtre national de Chaillot.

Jean et Andrée ont trois enfants : Dominique (1943-1995), Stéphane (1944) et Christophe (1947). L’aînée et le benjamin deviennent comédiens. Mise en scène par son père, Dominique incarnera la Paix dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Giraudoux (1962), puis Marianne dans L’Avare de Molière (1965), rejointe à cette occasion par Christophe, dans le rôle de Brindavoine. Stéphane, compositeur et musicien, travaille aux côtés des metteurs en scène Jean-Baptiste Thierrée, Gabriel Garran, Marc’o, Arlette et Julien Téphany.

Dominique épouse Jacques Téphany. Auteur et comédien, il contribue à entretenir la mémoire de son beau-père, en devenant directeur de l’Association Jean Vilar, à la suite de Paul Puaux.

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