Il y a trente ans disparaissait Jean Rouvet.
7 août 1917 – 4 mars 1992
Administrateur emblématique du TNP, Jean Rouvet a eu un rôle déterminant durant ses huit années de travail aux côtés de Jean Vilar dans le développement des relations aux publics souhaité par ce dernier. Cette rencontre fructueuse lui a permis d’être à l’origine de nombreuses innovations qui font aujourd’hui partie intégrante de nos politiques culturelles.
Tout au long de sa vie professionnelle, il a également conservé ses dossiers, notes, coupures de presse, photographies, correspondances, etc. qui ont abouti en 1979 à la création du fonds Jean Rouvet lors de l’ouverture de la Maison Jean Vilar. Ce fonds, aujourd’hui déposé à la BnF, est un outil précieux de l’association Jean Vilar / Maison Jean Vilar dans l’appréhension des premières années du TNP et du développement culturel des années cinquante.
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Né en 1917 en Vierzon, dans le Cher, Jean Rouvet entreprend des études à l’École Normale d’Instituteur de Bourges avant de rejoindre l’École Normale d’Instituteur de Bouzaréah à Alger puis commence sa carrière d’instituteur.
Durant la guerre, il est fait prisonnier et transféré dans différents camps où il fera la connaissance de Maurice Bayen et organisera des spectacles de variété, une chorale ou encore un orchestre de jazz.
Instructeur d’éducation populaire à partir de 1945, il organise des stages en compagnie d’André Crocq et Maurice Bayen, instructeurs nationaux. Ce dernier lui propose ensuite son poste d’instructeur d’art dramatique au ministère de la Jeunesse et des Sports.
Jusqu’en 1951, il organise des stages d’arts dramatiques auprès des centres d’éducation populaire, et rencontre ainsi une première fois Jean Vilar, directeur du Festival d’Avignon, en 1948 lors d’un stage de maquillage à Avignon.
Durant l’été 1951, il retrouve Jean Vilar lors des Rencontres européennes de la jeunesse à la Loreleï, un centre d’éducation populaire en Allemagne où il est en charge de la régie des spectacles qui y sont présentés. C’est suite à cette deuxième rencontre que Jean Vilar propose à Jean Rouvet le poste d’administrateur du TNP, à Chaillot comme à Avignon, poste qu’il tiendra jusqu’à sa démission en 1959.
« […] je rencontrais à la Loreleï notre hôte : un garçon vif, clairvoyant, d’apparence inusable… Quand je rentrai à Paris, et que Jeanne Laurent me pressa de nommer rapidement un administrateur, je répondis : Jean Rouvet. À dix ans de distance, il est clair, pour moi, que notre union fut totale […] Nous unissait la hantise – absolument – d’un ordre à créer, d’une discipline exigeante, et […] la volonté de remplir la mission populaire de ce Théâtre. »
Citation de Jean Vilar, recopiée par Jean Rouvet – fonds Jean Vilar – association Jean Vilar
Cette association entre Vilar et Rouvet permettra le développement d’une relation aux publics totalement inédite et qui fera date dans les institutions et centres culturels. À partir de 1955, il développe à la demande de Vilar les Rencontres internationales de jeunes par l’intermédiaire des CEMEA (Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation actives).
En 1956, il propose à Sonia Debeauvais le tout premier poste de relation avec le public à Chaillot, où elle travaillera sur la question des groupements et des comités d’entreprise. Elle tiendra également cette fonction deux ans plus tard pour le Festival d’Avignon.
Après son départ soudain en 1959, Jean Rouvet travaille au développement de la « Discothèque de France », première discothèque de prêt publique au théâtre de Marigny. Puis, en 1961, il travaille auprès d’André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, en tant qu’inspecteur général pour les théâtres où il fait partie d’une équipe qui définit l’orientation de l’action culturelle menée par le ministère.
Il créé et dirige ensuite le CNDC (Centre National de Diffusion Culturelle) jusqu’en 1964 qui sera dissout suite à un rapport du ministère des Finances.
En 1965, il créé le Collège d’échanges contemporains (CEC) dans l’ancien Couvent royal de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume qu’il dirige jusqu’en 1967.
Entre 1966 et 1986, Jean Rouvet est conseiller d’actions culturelles auprès de nombreuses structures et pour de nombreux projets culturels. Il est également, au cours de sa carrière, professeur à l’Université de Vincennes et au Centre d’études théâtrales de Louvain-La-Neuve en Belgique où il travaille aux côtés d’Armand Delcampe qui en a la direction.
Texte de Sonia Debeauvais à propos de Jean Rouvet dans les Cahiers Jean Vilar n°113 – Le Monde de Jean Vilar