Disparition de Michel Bouquet
6 novembre 1925 – 13 avril 2022
Michel Bouquet, comédien emblématique du théâtre français et parmi les derniers témoins et compagnons du Théâtre National Populaire de Jean Vilar vient de nous quitter.
Présent dès les débuts de l’aventure vilarienne, il fait partie dès 1947 avec Jeanne Moreau de la distribution de La Terrasse de Midi, une des trois pièces proposées par Jean Vilar lors de la Semaine d’art, devenue par la suite le Festival d’Avignon. Sa première rencontre avec Vilar a lieu en 1946 lorsque les deux hommes jouent Roméo et Jeannette de Jean Anouilh au théâtre de l’Atelier, aux côtés d’une des futures comédiennes du TNP, Maria Casarès, avec qui il a déjà interprété Le voyage de Thésée de Georges Neveux en 1943 alors qu’il n‘a que 18 ans.
Michel Bouquet retrouve Vilar et Avignon en 1950 pour Henri IV de Shakespeare. Durant l’année 1953, il rejoint la belle troupe du TNP et joue, à Chaillot comme à Avignon, dans pas moins de quatre pièces : La Mort de Danton, La Tragédie du roi Richard II, Le Médecin malgré lui et Don Juan. Au TNP, il retrouve Gérard Philipe, ancien compagnon du Conservatoire d’art dramatique, avec qui il a joué une de ses premières pièces, Caligula d’Albert Camus en 1943.
Au TNP, il joue en 1961 dans La Paix d’après Aristophane, puis interprète Maître Jacques auprès de Vilar dans L’Avare en 1962. En 1963, il retrouve la Cour d’honneur pour Meurtre dans la cathédrale de T.S. Eliot.
L’histoire de Michel Bouquet avec le TNP ne s’arrête pas avec la disparition de Jean Vilar en 1971 puisqu’il joue régulièrement au TNP de Roger Planchon désormais installé à Villeurbanne, particulièrement dans des pièces d’Harold Pinter.
Il retrouve la Cour d’honneur en 1978 et 1979 dans une pièce qui fera date dans l’histoire du Festival : En attendant Godot, mis en scène par Otomar Krejča, avec Rufus et Georges Wilson.
Tout au long de sa carrière, Michel Bouquet a ainsi fait part d’un engagement et d’une fidélité envers les auteurs et les metteurs en scène auxquels il était attaché.
Marcel Herrand, André Barsacq, Claude Régy, Albert Camus sont de fidèles compagnons de plateau. Les mots de Beckett, Anouilh, Ionesco, Molière et tant d’autres auteurs en 78 ans de carrière, auront eu le privilège d’être incarnés par ce comédien exigeant, exceptionnel et inspiré.
Le roi se meurt d’Eugène Ionesco, un de ses derniers grands rôles, nous rappelle que le roi Bouquet n’est pas mort, il est éternel :
« Mon chéri, mon Roi, il n’y a pas de passé, il n’y a pas de futur. Dis-le-toi, il y a un présent jusqu’au bout, tout est présent ; sois présent. Sois présent. Pourquoi suis-je né si ce n’était pas pour toujours ? »