C’est parce que la formule du Festival avait atteint un plein succès, mais aussi un palier, qu’il était nécessaire de jeter dès cette année les bases d’une transformation qui permettra d’accroître le nombre de représentations, de spectateurs, d’activités culturelles, dont Avignon est chaque année davantage le lieu privilégié
Jean Vilar, ouverture des 3ème Rencontres d’Avignon, 30 juillet 1966
En octobre 1965, Jean Vilar envoie à Henri Duffaut une étude intitulée « Le Festival d’Avignon, son avenir. Célébration de son 20e anniversaire », dans laquelle il lui expose les réformes à apporter à l’événement.
Vilar propose d’abord la mise en place de la régie municipale. Désormais, il est nommé par le maire, chargé de l’organisation et de la responsabilité artistique. La Ville signe tous les contrats, règle les dépenses et perçoit les recettes. Les agents municipaux sont chargés de l’installation et de la sécurisation de tous les lieux de spectacles.
Vilar forme autour de lui une petite équipe de gestion. Maurice Guillaud est chargé de l’administration, remplacé l’année suivante par Paul Puaux. Chrystel d’Ornhjelm est chargée des Rencontres internationales des jeunes, des invitations, des cycles de concerts et des relations avec les troupes et la mairie. Michel et Sonia Debeauvais organisent les Rencontres d’Avignon. Jean Fananas devient le directeur technique du Festival et le régisseur général de la Cour. Arthur Delan s’occupe, lui, de la comptabilité.
L’organisation de l’événement est bouleversée, par le doublement du nombre de représentations – jusqu’à 30 – et l’allongement de sa durée – du 15 juillet au 13 août 1966.
Vilar souhaite ouvrir le Festival à d’autres compagnies et à d’autres disciplines artistiques que le théâtre, particulièrement la danse. Le TNP perd ainsi son monopole : Georges Wilson et Michel Cacoyannis partagent la Cour d’honneur avec les Ballets du XXe siècle de Maurice Béjart. Le chorégraphe proposait déjà ses services au directeur de Chaillot, en 1957, avec sa Symphonie pour un homme seul, sans que cela n’aboutisse.
Pour Vilar, réformer le Festival, c’est aussi l’ouvrir sur l’avenir. Il invite de jeunes metteurs en scène, comme le directeur du Théâtre de la Cité de Villeurbanne, Roger Planchon. Camille Demangeat est chargé pour l’occasion de construire une nouvelle salle de plus de 2 500 places, devant le Petit Palais.
Théâtre :
Dieu, empereur et paysan de Julius Hay, mise en scène de Georges Wilson, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
George Dandin de Molière, mise en scène de Roger Planchon, devant le Petit Palais ;
Richard III de William Shakespeare, mise en scène de Roger Planchon, devant le Petit Palais ;
Les Troyennes d’Euripide, mise en scène de Michel Cacoyannis, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Danse :
L’Art de la barre, chorégraphie de Maurice Béjart et composition de Johann Sebastian Bach, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Bacchanale, chorégraphie de de Maurice Béjart et composition de Richard Wagner, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Boléro, chorégraphie de Maurice Béjart et composition de Maurice Ravel, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Le Cygne, d’après Rabîndranâth Tagore, chorégraphie de Maurice Béjart, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Erotica I, chorégraphie de Maurice Béjart et composition de Tadeusz Baird, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Pas de deux – Opus 5, chorégraphie de Maurice Béjart et composition d’Anton Webern, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Pierre et le Loup, chorégraphie de Patrick Belda et composition de Serge Prokofiev, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Sonate à trois, d’après Jean-Paul Sartre (Huis Clos), chorégraphie de Maurice Béjart et composition de Béla Bartok, Cour d’honneur du Palais des Papes.
Variations pour une porte et un soupir, chorégraphie de Maurice Béjart et composition de Pierre Henry, Cour d’honneur du Palais des Papes.
