Du 20 au 30 juillet 1954, la Ville d’Avignon confie directement à Jean Vilar et au TNP le soin de gérer le 8e Festival. Un « contrat de représentation », fixant les modalités administratives et financières, est signé entre le maire et le directeur. Il est reconduit en 1957, puis jusqu’en 1963.
Désormais, le TNP assume toutes les dépenses et perçoit l’intégralité des recettes. Il reçoit également les subventions de la municipalité, de l’État et du Conseil Général du Vaucluse.
Il prend en charge l’organisation d’ensemble : les spectacles (les décors, la musique, la lumière), la location, le défraiement des membres de la troupe, le transport du matériel, la publicité, le montage du dispositif scénique, les opérations de contrôle de la salle et de placement des spectateurs.
En l’absence de comité, il peut désormais fixer librement le programme des représentations. Surtout, les prix deviennent vraiment populaires. Ils tombent à 500, 400, 300 et 200 anciens francs. Ils sont alignés à peu près sur ceux de Chaillot, avec, en général, une majoration de 100 anciens francs sur chaque catégorie par rapport aux tarifs pratiqués à Paris.
Ces prix concernent seulement la Cour d’honneur du Palais des Papes, qui reçoit l’exclusivité des spectacles, au détriment du Verger qui accueille dorénavant les manifestations annexes, comme les premières Rencontres du Verger.
Comme à Chaillot, les pourboires aux ouvreuses sont interdits. Les représentations commencent à l’heure précise : les retardataires ne pénètrent dans la Cour qu’au premier « noir » (fin d’une scène ou du premier acte).
Pour la première fois également, Marcel Jacno réalise l’affiche du Festival, flanquée des trois clés et du tampon TNP.
Macbeth est créée dans la Cour d’honneur, avec pour la première fois Maria Casarès, dans une nouvelle mise en scène de Vilar, tandis qu’on reprend Cinna, jouée pour la première fois à Rouen.
Vilar joue Macbeth et Auguste avec une névrite de l’épaule, du bras et de la main gauche, ainsi qu’avec un ulcère à la limite de la perforation. Il passe toutes ses nuits et ses journées à la clinique du docteur Reboul, n’en sortant le soir que pour monter sur scène.
Le pire avec Macbeth est que, malade, bourré de médicaments, suivant un régime sévère, étant sans appétit, ne sachant pas mon texte et ne pouvant mentalement l’apprendre, bref, à bout absolument comme je ne l’ai jamais été, ‘‘ils’’ remplissaient pour la 1ère année cette Cour.
Jean Vilar