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1952

Inauguration du Palais de Chaillot avec L’Avare et Nucléa

Le 30 avril 1952, la troupe du TNP entre enfin au Palais de Chaillot, à l’occasion de la première de L’Avare, pièce jouée en alternance avec Nucléa.

L’Exposition universelle de 1937 à Paris fut l’occasion de construire un nouveau palais sur la colline de Chaillot, à la place du Palais du Trocadéro qui avait été confié au TNP de Firmin Gémier. L’architecte Jacques Carlu imagine deux grandes ailes de pierre qui abritent plusieurs grands musées nationaux : le musée de l’Homme, le musée de la Marine, le musée des Monuments français et le musée des Arts et Traditions populaires.

Le TNP est logé sous la grande terrasse qui, au niveau du sol, réunit les deux ailes. La grande salle de spectacle, d’environ 2 800 places, lui est gratuitement mise à disposition par l’État. Elle ne semble pas avoir été particulièrement conçue pour le théâtre.

Sa scène est plus large que profonde – 35 mètres sur 13 mètres –, « si bien qu’il faut un temps invraisemblable à parcourir quand on se trouve au centre pour atteindre soit le côté jardin soit le côté cour », selon Jean Vilar.

Mais sa contenance, qui en fait la plus grande salle de Paris, permet à Vilar de faciliter son travail de recrutement d’un nouveau public – toute la difficulté étant de parvenir à la remplir tous les soirs.

Entretenir un tel espace coûte cher en frais de fonctionnement, pour un budget de 52 millions d’anciens francs en 1952 : 6 millions en électricité, 2 millions en chauffage, 4 millions en nettoyage quotidien, 700 000 pour remplacer une à une les 4 000 lampes du Palais, 200 000 en gaz et eau, 100 000 pour entretenir le grand orgue.

Pour rapprocher la scène de la salle, Vilar fait supprimer la rampe, la fosse d’orchestre et les premiers rangs de fauteuils, et fait installer un proscenium par Camille Demangeat. Les musiciens de Maurice Jarre sont disposés dans les redans de côté ou devant la fosse recouverte. Les 140 projecteurs de Pierre Saveron sont pilotés depuis une cabine vitrée installée dans la salle. L’acoustique reste médiocre : les comédiens sont obligés de lancer leur texte face à la salle.

Pour L’Avare, Demangeat aménage au milieu de la scène des tréteaux accessibles grâce à des escaliers. Nucléa utilise un système de passerelles reliées entre elles, montées sur pilotis et de hauteur différente pour superposer et hiérarchiser les scènes.

L’inauguration est mitigée : L’Avare connaîtra le succès avec le temps ; Nucléa est arrêtée au bout de huit représentations. Entre 1952 et 1963, 1 790 représentations seront données à Chaillot.

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