Cette Maison a été créée pour incarner une tradition. Dans toute tradition il y a deux faces : l’une permet de mieux comprendre le passé et la seconde oriente l’édification de l’avenir.
Paul Puaux, 1986
Avant sa brutale disparition, Jean Vilar montre son souci de construire sa propre postérité.
Par une lettre du 8 février 1966, il dépose aux Archives nationales les traces de ses douze années passées au TNP, concernant son organisation, ses activités artistiques et sa documentation.
Au même moment, Jean Rouvet, administrateur du TNP de 1951 à 1959, rassemble son fonds constitué entre autres de documents administratifs, de sa correspondance, de ses notes personnelles, de photographies et de coupures de presse.
Vilar fait aussi rassembler, dans un appartement du XIVe arrondissement de Paris, les 1 200 costumes et éléments de décors du TNP, ainsi que l’ensemble des stocks de Bref, des ouvrages de la « Collection du Répertoire » et des affiches.
Chez lui, au 7 rue de l’Estrapade, il conserve ses documents manuscrits – la correspondance avec ses différents collaborateurs, ses notes de service, ses réflexions personnelles, ses notes de mises en scène, etc. – et les 1 600 maquettes de costumes réalisées par des peintres, le tout confié à sa mort par sa veuve Andrée à Paul Puaux.
Ancien administrateur permanent et nouveau directeur du Festival, celui-ci se retrouve dès lors chargé de l’héritage Vilar. En 1972, il rédige les statuts de l’Association Jean Vilar rassemblant ses archives, auxquelles s’ajoutent notamment celles de Rouvet, Gérard Philipe et Sonia Debeauvais.
En 1974, Puaux obtient de la municipalité d’Avignon l’Hôtel de Crochans, situé rue de Mons, dont elle fait exécuter les travaux de rénovation. Il s’assure aussi le concours d’un établissement de dimension nationale : la Bibliothèque Nationale et son Département des Arts du spectacle dirigé par André Veinstein.
Le 22 décembre 1977, une convention est signée entre l’Association Jean Vilar, la Ville d’Avignon et la Bibliothèque Nationale – rejoints plus tard par le Ministère de la Culture – pour la création d’une Maison Jean Vilar à l’Hôtel de Crochans.
Dès le 18 juillet 1979, cette Maison devient un lieu mémoire, afin de favoriser le rayonnement de l’œuvre de Vilar et du théâtre populaire, un lieu ressources, qui met à disposition des collections et des ouvrages – documents iconographiques et audiovisuels, archives sur le spectacle, la vie culturelle régionale, la décentralisation initiée par Vilar et l’histoire du Festival d’Avignon –, et un lieu vivant, qui propose tout au long de l’année un programme d’expositions, d’animations, de rencontres, avec un temps fort pendant le Festival d’Avignon.