Jean Vilar écrivain a longtemps été sous-estimé, comme il se sous estimait lui-même : la plupart des textes qui dorment à l’état de manuscrits dans ses archives montrent que sa rencontre avec la littérature a été un rendez-vous manqué.
On peut considérer néanmoins qu’il est l’auteur de 18 adaptations théâtrales dont 4 ont été portées à la scène – Le Faiseur, La Paix, Le dossier Oppenheimer et Le Hasard du coin du feu – et de 15 œuvres dramatiques originales – en 2012, année du centenaire de sa naissance, l’Association Jean Vilar fait publier Dans le plus beau pays du monde, tragicomédie de l’amour dont les mots évoquent Beaumarchais, Marivaux, Musset et Jean Renoir.
Au soir de sa mort, il met la dernière main à Chronique romanesque sans qu’il ait le temps d’achever les corrections de ce roman autobiographique posthume, inspiré par les tracasseries de l’administration qui furent les siennes en tant que directeur du TNP. Il écrit également deux nouvelles inédites, Hilda la morte ou l’Adolescence et Le destin n’a pas double usage.
Tout au long de sa vie, Vilar a nourri des correspondances très importantes : celle avec son épouse, Andrée Schlegel, en dit beaucoup sur ses états d’âme artistiques et ses élans amoureux – elle a été publiée sous le titre « Vilar ou la Ligne droite » par Jacques Téphany dans les Cahiers Jean Vilar, en 2012 ; d’autres, dont celles avec Gérard Philipe et Maria Casarès, précisent les relations qu’il pouvait entretenir avec les comédiens de sa troupe ; d’autres encore le montrent en relation avec les écrivains et les personnalités les plus illustres de son époque – Beckett, Brecht, Calder, Cocteau, Giono, etc.
De nombreux articles et entretiens – parus notamment dans Bref, le mensuel du TNP – et des extraits de conférences ont été rassemblés dans plusieurs ouvrages, d’abord par lui-même – De la tradition théâtrale, publié chez L’Arche dès 1955, rassemble des écrits datant principalement de 1944 – puis après sa mort – Le Théâtre, service public et autres textes, présentés et annotés par Armand Delcampe.
Dans la même veine, d’autres publications posthumes de textes pratiques ou théoriques font de Vilar un écrivain à part entière. Le Mémento, journal du 29 novembre 1952 au 1er septembre 1955, rassemble les suggestions, les conseils, les rêveries et les regrets exprimés par le directeur du TNP. Les notes de service de Vilar à sa troupe, réunies sous le titre Du tableau de service au théâtre, sont des documents essentiels pour en comprendre le fonctionnement.
Adaptations pour le théâtre :
Hécube, d’après Euripide (inédite) ;
Les Travaux et les jours, d’après Hésiode (inédite) ;
Le Prix des ânes, d’après Plaute (inédite) ;
La Petite niaise, d’après Lope de Vega (autres titres La dama Boba, Amour et intelligence, l’Amour est intelligence) (inédite) ;
La Nuit du 31 décembre, d’après Gérard de Nerval (inédite) ;
La Maîtresse, d’après Jules Renard (autre titre : Amour, choral et fugue) (inédite) ;
La Condition humaine, d’après André Malraux (inédite) ;
Il étouffe des perroquets, d’après Charles Monselet (inédite) ;
Arlequin barbier, d’après Jean-François Regnard (inédite) ;
La Diète, d’après Carmontelle (inédite) ;
Le Jeu de la perdrix, d’après un fabliau du Moyen Âge (inédite) ;
Les Olivers, d’après Lope de Rueda (inédite) ;
L’Argent de la quittance ou Payer et ne pas payer, d’après Lope de Rueda (inédite) ;
Le Gardien vigilant, d’après Cervantès (inédite) ;
Le Faiseur, d’après Honoré de Balzac, version scénique pour le TNP – éd. de L’Arche, 1957 (Collection du répertoire, TNP, n°25) ;
La Paix d’après Aristophane. Transposition moderne pour le TNP. – éd. de L’Arche, 1961 (Collection du répertoire TNP, n°52) ;
Le Dossier Oppenheimer, d’après Heinar Kippardt et les minutes de la Commission de sécurité de l’énergie atomique. – éd. Gontier, 1965.
Le Hasard du coin du feu, d’après Crébillon fils. Mis en scène au Théâtre de l’Athénée, 1965 (inédite) ;
Textes dramatiques :
La Tragédie de la joie (inédit) ;
Bacchus (inédit) ;
Antigone (La Nuit tombe, lecture au Festival d’Avignon 1960) (inédit) ;
Dans le plus beau pays du monde, version établie par Rodolphe Fouano à partir du manuscrit en partie autographe de la troisième version de la pièce laissée ; présentée par l’Association Jean Vilar « L’avant-scène », 2012 ;
Des personnes inutiles (inédit) ;
Aimer sans savoir qui (inédit) ;
La Farce des filles à marier. Mise en scène, tournée en Anjou, 1941 (inédit) ;
Le Dormeur distrait, farce (inédit) ;
Gail, fresque lyrique (inédit) ;
La Réponse est pour demain (inédit) ;
Marc L’Aventure et les magiciens (inédit) ;
Ils ont vingt ans, divertissement (inédit) ;
L’Accident (inédit) ;
François Ier, pièce radiophonique (inédit).
Romans et nouvelles :
Le Matin de la vie (inédit) ;
Hilda la morte ou L’adolescence (nouvelle inédite) ;
Le destin n’a pas double usage (nouvelle inédite).
Essais :
De la tradition théâtrale – éd. de L’Arche, 1955. Rééd. Gallimard, 1963 (Idées-Littérature, n°33). Rééd. L’Arche, 1999. Traduit en russe, en espagnol, en tchèque, en roumain…
Chronique romanesque – éd. Grasset, 1971. Traduit en russe (Moscou, 1999)
Jean Vilar, mot pour mot. Textes réunis et présentés par Jacques Téphany et Melly Touzoul. – éd. Stock, 1972. Traduit en japonais. Rééd. sous le titre : Honneur à Vilar, revue et augmentée de témoignages inédits sous la direction d’Olivier Barrot et Melly Puaux. – éd. Actes Sud, 2001.
Le théâtre, service public et autres textes. Présentation et notes d’Armand Delcampe. – éd. Gallimard, 1975 (Pratique du théâtre), nouvelle édition 1986.
Mémento (du 29 novembre 1952 au 1er septembre 1955). Présentation et notes d’Armand Delcampe. – éd. Gallimard, 1981 (Pratique du théâtre).
Du tableau de service au théâtre : notes de service de Jean Vilar à sa troupe. – Cahiers Théâtre Louvain, n°53, 1985. Rééd. 1994.