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1963

L’opéra, un nouveau souffle pour Vilar

– Mais pourquoi se consacrer à l’art lyrique ?

– C’est un vieil ami, un goût que je n’ai jamais pu satisfaire, faute de temps. J’ai toujours aimé la musique ; j’en ai même fait – du violon – quand j’étais enfant ; jeune homme, j’ai joué dans un orchestre de jazz et depuis six mois, je ne lis que des partitions d’opéra.

Combat, 1er octobre 1963

 

Maintenant qu’il est parti du TNP, Jean Vilar peut se consacrer exclusivement à son métier de metteur en scène. Ses préoccupations de directeur et d’administrateur, qui ont été les siennes pendant douze ans, l’avaient contraint à refuser de nombreuses sollicitations extérieures. Parmi elles, la mise en scène lyrique. En 1952, il décline Médée, à Florence, spectacle qui voit éclore une nouvelle cantatrice, Maria Callas.

Dès l’annonce de son départ, il répond aux sollicitations du Festival de Pérouse, du Théâtre de la Fenice de Venise et de la Scala de Milan. Pour la saison 1963-1964, il y crée Gerusalemme, Macbeth et Les noces de Figaro.

Il peut paraître paradoxal de le voir se tourner vers le théâtre lyrique, un genre éminemment élitiste. Mais Vilar connaît la musique : il annote les partitions d’indications sur le rythme des phrasés et de commentaires sur l’interprétation des chanteurs. Cette ingérence dans le travail du chef d’orchestre n’est d’ailleurs pas sans provoquer quelques tensions.

Encore une fois, il veut surtout casser les codes, en commençant par donner plus de visibilité et d’écoute au spectateur : il retire le rideau, supprime la rampe, réduit la hauteur de la fosse d’orchestre, pour aménager un proscenium. Il déplace les lumières de la scène vers la salle, en y faisant installer des projecteurs.

De nouveau, il fait appel aux peintres Léon Gischia et Mario Prassinos, qui apportent une extrême sobriété aux décors et aux costumes d’opéra.

Concernant l’accueil du public, Vilar souhaite que le programme du spectacle soit gratuit et sans publicité, et que le livret soit proposé à la vente, sur le modèle de la « Collection du Répertoire » du TNP. Il raccourcit la durée de la représentation, en réduisant les entr’actes et en réservant les saluts des chanteurs et des musiciens pour la fin du spectacle.

Après cette première incursion de metteur en scène, Vilar songe à faire entrer le théâtre lyrique au Festival d’Avignon. Plus tard, il est missionné par l’État français, pour réformer l’Opéra et l’Opéra-Comique. Enfin, en 1969, Don Carlo est sa dernière mise en scène.

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