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1967

Vilar, le réformateur du théâtre lyrique

Dans les années 1960, le théâtre lyrique en France est en crise. On dénonce l’« Opéra de quat ’milliards », soit, en anciens francs, la subvention de la Réunion des théâtres lyriques nationaux (RTLN) et un quart du budget de la Culture. André Malraux commande à Jean Vilar un projet de réforme.

En 1965, il travaille à la création d’un « Théâtre National Populaire Lyrique », dont l’objectif est de réunir « des assemblées populaires, une compagnie de qualité et un répertoire courageux ».

Il prévoit la construction d’un théâtre de 3 000 places au prix unique, afin de pallier la sous-dimension de l’Opéra et de l’Opéra-Comique et de faire baisser la part des subventions dans le montant total des recettes. Autour de lui seraient réunis de nombreuses salles de répétition, des salles d’exposition, une bibliothèque, une cinémathèque…, le tout dans un édifice, composé d’une tour de 60 mètres, situé au rond-point de la Défense ou sur les anciennes Halles de Paris.

Selon lui, le répertoire actuel du théâtre lyrique s’est rétréci autour d’un petit nombre d’œuvres. Un centre d’études, qui doit former les futures équipes administratives, techniques, ouvrières et artistiques, a pour but d’aider à la constitution d’un programme d’œuvres nouvelles, tenant compte « des inventions musicales les plus récentes ».

En 1967, dans une nouvelle étude sur la RTLN, Vilar prévoit une triple direction avec Pierre Boulez à la Musique et Maurice Béjart à la Danse. Le groupe de travail est complété, entre autres, par le scénographe Camille Demangeat.

 

Je me suis demandé

1° si j’étais compétent

2° si j’avais la santé suffisante

3° si, artiste, je souhaitais travailler avec l’État.

J’ai répondu ‘‘non’’ à chacune de ces trois questions et c’est pourquoi j’ai, en conclusion, accepté l’administration générale de l’Opéra national.

 

Afin de prendre appui sur ce qui se fait ailleurs en Europe, Vilar se rend au Wiener Staatsoper de Vienne, au Bolchoï de Moscou et au Bayerische Staatsoper de Munich.

Il veut alléger une machine trop lourde et trop compliquée et créer, comme au TNP, un service de la prospection et de l’accueil des publics, dirigé en priorité vers les comités d’entreprises et les mouvements de jeunesse.

Mais le discours de de Gaulle, le 30 mai 1968, suite aux événements du mois, le choque profondément : il ne veut accepter aucune fonction officielle du gouvernement.

De cette période réformatrice, il ne reste qu’un document dactylographié de 123 pages et trois annexes.

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