National : cela signifie qu’il s’agit d’un service public appartenant à toute la France, à la province comme à Paris, à l’Union française comme à la banlieue parisienne.
Jean Vilar, Conférence de presse au Canada, 1954
C’est grâce aux tournées que le TNP peut s’évader des sous-sols de Chaillot pour porter aux foules lointaines les voix de Molière, Corneille et Shakespeare.
Les premières années, les tournées en province ont lieu avant et après la saison de Chaillot – au mois d’octobre puis entre mai et août. À partir de la saison 1954-1955 et le développement des tournées à l’étranger, la France n’a droit qu’à son ‘‘périple d’été’’ – avec néanmoins des allers-retours entre Paris et sa région pendant l’hiver.
Lors des tournées d’été, le TNP part pour deux mois et joue six ou sept pièces de son répertoire. Avignon en est l’étape incontournable, suivie par une floraison de festivals de plein air.
Le bagage est encombrant. Il y a d’abord le dispositif scénique qui permet au TNP de construire ses plateaux de plein air et de retoucher les scènes à l’italienne.
Mais ce sont les décors et les accessoires qui prennent le plus de place – la longue table de Macbeth ; les tombes de La Ville ; le lit de Marie Tudor –, si bien qu’il arrive au TNP de laisser à Paris tel élément de décor qui s’accorde mal avec le lieu de la tournée – les maisons de Messine dans L’Étourdi paraîtraient artificielles, plaquées contre la façade du château du Pharo à Marseille.
Les costumes, très fragiles, nécessitent des emballages aérés – des paniers reçoivent tuniques, chapeaux, bottes, souliers, etc. D’autres éléments exigent des caisses. Tous arborent une étiquette au cachet rouge et bleu du TNP et portent une lettre et un numéro que leur assigne l’inventaire de la tournée – la lettre C pour costumes, la lettre A pour accessoires, la lettre E pour électricité, etc.
Au départ, une modeste camionnette sert aux déplacements des artistes et des techniciens jusqu’en banlieue parisienne – les caisses de programme sont sanglées sur le toit. Au fil des saisons, des subventions ont permis au TNP d’acquérir des camions pour le matériel. Les techniciens prennent généralement le train, les comédiens voyagent en voiture.
Une fois arrivés, tout est fait pour assurer le confort des comédiens – après avoir longtemps disposé de tables de fortune en guise de tables de maquillage, ils utilisent des loges démontables.
Entre 1951 et 1963, 151 représentations sont données en banlieue parisienne et en Île-de-France et 400 en province.
Saison 1953/1954
« Tournée Midi de la France » – 6-29 octobre
L’Avare, Don Juan, Richard II
- Grenoble Théâtre Municipal
- Villeurbanne Théâtre Municipal
- Béziers Théâtre Municipal
- Nice Théâtre Municipal
- Toulon Théâtre Municipal
- Marseille Théâtre Municipal
- Montpellier Théâtre Municipal
- Carcassonne Théâtre Municipal
- Bordeaux Théâtre Municipal
8 janvier
- Amiens ; cirque – Richard II
« Tournée en banlieue parisienne » 23-31 janvier
Don Juan, Le Prince de Hombourg
- Versailles
- Choisy-le-Roi
- Aulnay-sous-Bois
- Villeneuve-le-Roi
- Gennevilliers
« Tournée en banlieue » – 2-16 mai
L’Avare, Le Prince de Hombourg, Ruy Blas, Don Juan, Le Cid
- Poissy
- Enghien
- Suresnes
Amiens ; cirque – Don Juan, Le Cid
« Périple d’été du TNP » – juin, juillet et août
- Festival d’Art dramatique de l’Eure – Devant le château de Beaumesnil, Don Juan
- Rouen Festival Corneille – Cour Renaissance du Palais de Justice, Le Cid, Cinna
- Strasbourg Festival international de musique – Palais des Fêtes, Don Juan, Ruy Blas
- Festival des Nuits de Bourgogne – Devant le château de Savigny les Beaune, Le Cid, Ruy Blas
- 1er Festival de Marseille – Devant l’hôtel de Ville, Don Juan, Ruy Blas, Le Cid
- 7e Festival d’Avignon, Le Prince de Hombourg, Cinna, Macbeth
- Nice – Sur le parvis de l’église de Cimiez, Meurtre dans la Cathédrale
