Avec le 23ème Festival d’Avignon, du 11 juillet au 20 août 1969, Jean Vilar reprend ses réformes.
Parmi les jeunes troupes invitées, le Théâtre du Soleil a une importance particulière : Ariane Mnouchkine et ses compagnons se rendent pour la première fois dans les quartiers de l’extra-muros – Les Rotondes, Champfleury, le Stade de Malpeigné – et jusqu’à Sorgues. Avec Les Clowns, ils consacrent la majeure partie de leurs efforts à la recherche d’un nouveau public.
Tourné résolument vers l’avenir, Vilar propose un théâtre destiné aux jeunes spectateurs – L’Arbre sorcier, Jérôme et la tortue est écrit d’après une histoire inventée par les élèves d’une classe de Sartrouville.
Le théâtre musical est la nouvelle discipline inscrite au programme. Tout en s’éloignant de l’opéra traditionnel, il s’agit de faire la synthèse entre le texte de l’auteur, la musique du compositeur et l’action du metteur en scène.
Au programme de « Musique de notre temps », manifestation installée durablement au Cloître des Célestins, s’ajoutent cinq concerts d’orgues, donnés sur les instruments historiques d’Avignon et de sa région – L’Isle-sur-Sorgues, Malaucène, Uzès et Valréas.
L’art contemporain revient au Festival, grâce à John Craven qui se charge d’organiser au Palais des Papes l’exposition L’œil écoute. Les œuvres de 100 peintres et de 50 sculpteurs français voisinent avec 30 tapisseries modernes et 500 photographies.
Le cinéma prend une place importante : Jacques Robert crée les Rencontres cinématographiques, consacrées à la rétrospective d’un grand réalisateur et au cinéma de création. Installées au cinéma Le Rio, rue Aubanel, elles se distinguent de Cannes, par l’absence d’un jury, de prix, de soirées de galas et de tapis rouges.
Il ne reste plus à la danse qu’à s’installer dans la Cour d’honneur, avec trois nouveaux spectacles du Ballet du XXe siècle.
Le 1er avril 1966, André Benedetto, créateur de la Nouvelle Compagnie d’Avignon, installée au Théâtre des Carmes, publiait un manifeste contre l’exclusivité du Festival dans la programmation culturelle de l’été. En juillet, il montait Statues : le ‘‘Hors Festival’’ était né. Il y avait 6 lieux dès l’année suivante, dont le restaurant La Poule au Pot où jouait Gérard Gelas. En 1969, ils sont 9. Loin des les combattre, Vilar les encourage.
Je suis très heureux qu’il y ait un festival hors festival. Et j’estimerais que je n’aurais pas perdu mon travail si ces spectacles étaient meilleurs que ceux que je présente.
Vilar, Les Nouvelles littéraires, août 1970
Théâtre :
Les Bacchantes d’Euripide, mise en scène de Ghislaine Dumont et Jean-Louis Thamin, Cloître des Carmes ;
Les Clowns d’Ariane Mnouchkine, spectacle itinérant, cour du Lycée Saint-Joseph, Palais de la Foire de Champfleury, Stade Malpeigné, Rotondes, Maison des Jeunes et d’Education Permanente (Sorgues) ;
Le Mille-pattes, mise en scène de Christian Dente, Cloître des Carmes ;
La Tempête de Shakespeare, mise en scène de Michel Berto, Cloitre des Carmes ;
Titus Andronicus de Shakespeare, mise en scène de Jacques Guimet, Cloître des Carmes ;
Danse :
À la recherche de… : L’Art de la barre / Cantates / Nuit obscure / Bakhti / Hi-Kyo / Nomos Alpha, chorégraphie de Maurice Béjart, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Les Quatre Fils Aymon, chorégraphie de Lorca Massine et Paolo Bortoluzzi, mise en scène de Maurice Béjart et composition de Fernand Schirren, Cour d’honneur du Palais des Papes ;
Roméo et Juliette, chorégraphie et mise en scène de Maurice Béjart et composition d’Hector Berlioz, Cour d’honneur du Palais des Papes.
Théâtre musical :
Conditionnement de Michel Butor, composition de Janine Charbonnier, Théâtre municipal ;
Fêtes de la faim, mise en scène de Roger Kahane, composition de Claude Prey et direction musicale de Daniel Chabrun, Cloître des Célestins ;
Musiques éclatées, spectacle de Konstantin Siminovitch et François Baylemise en scène de Jean-Pierre Dougnac, Théâtre municipal ;
On veut la lumière ?… Allons-y !, mise en scène de Pierre Barrat, composition de Claude Prey et direction musicale de Daniel Chabrun, Cloître des Célestins ;
Orden, mise en scène de Jorge Lavelli, composition de Girolamo Arrigo et direction musicale de Charles Ravier, Cloitre des Carmes ;
Pas de cinq, composition de Mauricio Kagel, Théâtre municipal ;
Société 2 concerto pour piano 3 percussions et 16 instruments, composition de Luc Ferrari, Théâtre municipal ;
Syllabaire pour Phèdre, mise en scène de Roger Kahane, composition de Maurice Ohana et direction musicale de Daniel Chabrun, Cloître des Célestins ;
Tjurunga d’Antonin Artaud, mise en scène de Pierre Rousseau et composition de Gérard Massias, Cloître des Célestins.
Théâtre pour les jeunes spectateurs :
L’Arbre sorcier, Jérôme et la Tortue, de et mise en scène de Catherine Dasté, Théâtre municipal ;
Le Pays du Soleil debout, de et mise en scène de Maurice Yendt, Théâtre municipal ;
Le Pêcheur d’images de et mise en scène de Miguel Demuynck, Théâtre municipal ;
Record de fréquentation : 120 000 spectateurs
10 lieux du Off