En juin 1943, Jean Vilar fonde la Compagnie des Sept, avec Hélène Gerber et Louis Arbessier, anciens compagnons de La Roulotte.
Pour sa première mise en scène, Vilar choisit La Danse de mort de Strindberg. Joué salle Vaneau à Paris, le spectacle s’interrompt au bout de deux représentations (14 et 15 juillet), Vilar ayant omis d’en payer les droits à la Société des Auteurs. Si cette première expérience ne révèle pas ses talents d’administrateur, les quelques critiques qui ont vu le spectacle se sont enthousiasmés pour son jeu et sa mise en scène.
Après ces débuts prometteurs, la Compagnie des Sept inaugure le théâtre de Poche-Montparnasse, le 29 septembre suivant, avec un double-spectacle comprenant Orage de Strindberg et Césaire de Schlumberger, deux nouvelles mises en scène de Vilar. Le succès est immédiat : le spectacle se joue à guichets fermés pendant le mois d’octobre et le début du mois de novembre, avant d’être repris au théâtre du Vieux-Colombier.
Vilar joue presque à mi-voix, à trois mètres de nous, on a l’impression d’être dans une chambre avec lui, c’est de la musique de chambre, de la peinture de chevalet
Claude Roy, dans Jean Vilar, 1968
Encouragé par ce succès, Vilar fonde une société d’abonnés qui donne droit à trois spectacles. Le 20 avril 1944 a lieu la première du Don Juan de Molière au Vieux-Colombier. Le spectacle sera repris ensuite au théâtre La Bruyère jusqu’en juin. Les nombreuses coupures de courant, causées par la guerre, contraignent la Compagnie des Sept à jouer en laissant le toit ouvert. Des miroirs sont utilisés pour refléter la lumière extérieure.
Après avoir joué le rôle de Don Juan, Vilar cède un temps sa place de comédien pour se consacrer totalement à la mise en scène d’Un Voyage dans la nuit de Sigurd Christiansen, auteur norvégien contemporain. Il dirige Andrée Clément, Louis Arbessier, Claude Martin et Jean Négroni. La première a lieu le 29 septembre 1944, au Théâtre de Poche. Las, c’est un échec, qui met en danger l’existence-même de la Compagnie des Sept.
C’était compter sans le triomphe de la reprise de La Danse de mort : la distribution originale se retrouve cette fois-ci au Théâtre des Noctambules, entre janvier et mars 1945.
Outre ces spectacles, la Compagnie des Sept propose des conférences, durant lesquelles de grands intellectuels de tous horizons politiques viennent parler théâtre : Jean-Paul Sartre y aborde le style dramatique, Albert Camus la mise en scène vue par les auteurs, Thierry Maulnier la critique.