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1951

Les débuts du TNP en banlieue parisienne

Selon le cahier des charges du TNP, Jean Vilar a obligation de donner hors du Palais de Chaillot la majeure partie de ses représentations théâtrales. Cela a pour but de susciter en banlieue parisienne des spectacles de grande qualité, de chercher à atteindre un public pris dans les milieux sociaux qui ne fréquentent pas d’ordinaire le théâtre. Chaillot est également occupé jusqu’à mi-avril 1952 par l’ONU.

Du 17 novembre au 2 décembre 1951, le TNP organise le premier « Petit Festival de Suresnes » qui débute par un « week-end artistique » (17 et 18 novembre).

Le samedi après-midi, un concert symphonique est donné par l’orchestre des concerts Lamoureux dirigé par Jean Martinon. Ce 17 novembre, les festivaliers assistent à un récital de Maurice Chevalier. Puis, après un repas pris en musique, la soirée se poursuit avec une représentation du Cid.

Jusqu’à 800 courageux assistent le lendemain à 10h30 au débat avec la troupe du TNP. Ils sont étudiants, chefs d’entreprises, cheminots, employés ou ouvriers du bâtiment. Le déjeuner laisse place l’après-midi à une représentation de Mère Courage.

Le week-end se termine par un nouveau dîner suivi d’un bal au cours duquel on peut voir danser, entre autres, Vilar, Françoise Spira, Gérard Philipe, Germaine Montero et Jean Le Poulain.

Cela coûte 1 200 anciens frs au festivalier, ce qui n’est pas grand-chose quand on songe qu’il s’agit à l’époque du prix de certaines places de la Comédie-Française.

Le « week-end artistique » est repris deux fois au cours de ce « Petit Festival de Suresnes » (24-25 novembre et 1er-2 décembre), qui a lieu également les soirs de la semaine et rassemble au total 9 752 spectateurs pour Le Cid, 4 886 pour Mère Courage, 3 000 pour les concerts et 3 200 pour le bal. Les deux-tiers sont des banlieusards.

On retrouve tout l’esprit de La Roulotte dans l’itinérance du TNP : elle se poursuit avec les 14 représentations de Mère Courage et du Cid à la Maison du peuple de Clichy (7-20 décembre) et les 17 représentations au Théâtre des Grésillons pour la « Quinzaine de Gennevilliers » (3-17 février). On le retrouve d’autant plus sous le chapiteau de cirque monté porte Maillot (10-15 avril), à la manière de Firmin Gémier qui, en 1919-20, avait transformé le Cirque d’Hiver en théâtre, avec tous les problèmes de sonorisation que cela pose.

Au cours de sa première saison, le TNP a donné un plus grand nombre de représentations en banlieue et en Île-de-France qu’à Chaillot. Entre 1951 et 1963, on en compte 151.

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