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1959

On ne badine pas avec l’amour

L’idée d’un cycle Musset à Chaillot, durant l’hiver 1959, est une idée qui tient à cœur Gérard Philipe.

Il s’agit pour lui de choisir les trois pièces qui rendent le mieux compte de l’œuvre de son auteur favori. Déjà, lors du Festival 1958, Philipe rejoue Lorenzo et crée le rôle d’Octave dans Les Caprices de Marianne, dernier spectacle dans lequel Jean Vilar le met en scène.

 

Si je suis revenu cette année au théâtre, c’est parce que c’étaient les derniers mois durant lesquels je pensais qu’il me serait possible d’interpréter deux personnages de Musset avant qu’il ne soit trop tard et que mes cheveux ne tombent…

Gérard Philipe, Gallimard, 1960

 

En 1959, il est d’abord question que Philipe soit le metteur en scène d’On ne badine pas avec l’amour. Mais il renonce, persuadé qu’on ne peut à la fois jouer le rôle de Perdican et travailler à la mise en scène de la pièce. Il finit par la confier à René Clair, le réalisateur de La beauté du diable, des Belles de nuits et des Grandes Manœuvres, films dans lesquels il a été l’acteur principal. C’est la première fois qu’un cinéaste met en scène une pièce du TNP.

Si pour s’assurer du dispositif scénique et des costumes de Lorenzaccio et des Caprices de Marianne, Vilar choisit son peintre fétiche, Léon Gischia, Clair fait appel à Édouard Pignon.

Ce sont alors deux écoles qui s’affrontent : Gischia poursuit la tradition du dépouillement extrême, tandis que Pignon crée six décors sur toiles peintes, à partir des aquarelles qu’il a peintes en Italie. C’est une petite révolution au TNP qui jusque-là utilisait le fonds noir. Des spectateurs des premiers rangs vont avoir l’impression d’être écrasés par ces décors colorés.

Par ce formidable triplé, Gérard Philipe prouve qu’il est l’interprète idéal des pièces d’Alfred de Musset, sans savoir que Perdican serait son dernier rôle au théâtre, le 21 février 1959, sur la scène du palais de Chaillot.

 

 

– On ne badine pas avec l’amour 

De Alfred de Musset (1834)
Création le 3 février 1959, Palais de Chaillot (Paris)
Mise en scène René Clair
Scénographie Édouard Pignon
Costumes Édouard Pignon
Musique Maurice Jarre
Construction Raymond Jousselin, Jean Bertin
Réalisation des costumes Alyette Samazeuilh, Karinska (costumes de femmes)

Avec Robert Arnoux (maïtre Bridaine), Raymond Bour (Maître Blazius), Suzanne Flon (Camille), Édouard Francomme (Le paysan), Christiane Lasquin (Rosette), Charles Lavialle (le vieux paysan), Gérard Philipe (Perdican), Georges Riquier (le Chœur), Sylvie (Dame Pluche) et Georges Wilson (le Baron).

16 représentations, 41 785 spectateurs

 

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