Que serait le théâtre sans les acteurs, sans le risque, l’impudeur et l’intelligence qu’ils mettent en jeu chaque soir ? La passion du public prend source dans les personnages qu’ils incarnent et, singulièrement, dès les premiers Festivals d’Avignon, dans la beauté, l’allure et la présence de Jeanne Moreau. Je suis vous tous qui m’écoutez retrace le parcours de cette femme qui a traversé l’histoire du Festival de 1947 à 2011, aux côtés de Jean Vilar ou d’Étienne Daho, avec les mots de Heinrich von Kleist ou de Alfred de Musset et dans des rôles aussi différents que ceux de Nathalie ou de Célestine, et même jusqu’en 2014 où elle fut présente en images dans la Cour d’honneur avec les Têtes Raides. Elle qui a imposé sa démarche de danseuse dans des figures qu’elle habitait d’incandescence. Elle qui a fasciné Marguerite Duras ou Jean Genet et a incarné la femme libre et indocile jusqu’à aujourd’hui encore…Laure Adler, spectatrice passionnelle, nous fait entrer dans l’intimité de sa loge et retrouver son image, guidée par des photographies lumineuses et cette voix si familière, éraillée et tendre, grave et mutine. Une voix qui s’affirme tandis que son corps s’efface. Un parcours qui dessine la face féminine, déterminée, du Festival d’Avignon et du théâtre.
Jeanne Moreau
Jeanne Moreaua a débuté sa carrière d’actrice dès 1947 avec Jean Vilar dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, puis aux côtés de Gérard Philipe en 1951. Elle n’avait pas 20 ans. Dévoreuse de livres, formée au Conservatoire, pensionnaire de la Comédie-Française, elle choisit en 1951 de suivre Vilar et l’aventure du TNP, et jusqu’à la fin, en contrepoint de sa carrière cinématographique internationale, elle reviendra régulièrement sur les planches pour défendre Jean Genet, Heiner Müller ou Peter Handke
Laure Adler
Laure Adler, écrivaine, journaliste, productrice à Radio France et biographe de Marguerite Duras. Elle met au service de ce commissariat sa passion du théâtre et des femmes libres.
Jeanne Moreau, 1974, La chevauchée sur le lac de Constance ©C.Laurentin
Jeanne Moreau et Étienne Daho, 2011, Le Condamné à mort ©Raynaud De Lage
Jeanne Moreau, 1952, Le Prince de Hombourg ©A.Varda