Une exposition de la Bibliothèque nationale de France, en co-réalisation avec l’Association Jean Vilar et avec
des photographies de Guy Delahaye
Grâce à la générosité de Carolyn Carlson qui a fait don de ses archives à la Bibliothèque nationale de France en 2011, l’exposition présente une sélection des pièces les plus emblématiques du parcours de cette grande artiste, depuis ses débuts aux Etats-Unis jusqu’à ses dernières créations : photographies, croquis, calligraphies, poèmes et notes forment un ensemble exceptionnel qui permet de mieux connaître cette figure essentielle de la danse contemporaine.
Tout unit chez Carolyn Carlson le mouvement et l’écriture, le corps dans l’espace et le pinceau sur le papier. Une même énergie donne vie chez elle à la danse et à la calligraphie. Elle préfère d’ailleurs au terme de danse celui de poésie visuelle, plus ouvert et plus facile à partager avec la poésie verbale. De longue date, elle écrit et dessine pour elle-même, pour garder les traces des moments et des personnes qui ont compté, mais aussi pour exprimer ses sensations et accompagner ses créations. Ses carnets, cahiers ou notes sur feuilles volantes jalonnent ainsi sa vie, au-delà de ce qu’elle imagine sur le plateau, et forment le lien naturel avec ses œuvres calligraphiques.
Les « carnets Carlson » commencent dès les années 1960 avec des notes de cours, d’Alwin Nikolais notamment, et continuent au fil des décennies jusqu’à nos jours. Certains sont entièrement dédiés à une pièce, comme ceux d’Inanna, J. Beuys Song ou Water Born. Les séquences de la danse s’inscrivent alors dans des schémas successifs faits de rectangles symbolisant la scène et le fond de scène, de flèches, de figures esquissées des danseurs ou des décors, en noir et en couleurs. Souvent se mêlent à ce déroulé des annotations diverses : commentaires, adresses, brouillons de lettres, poèmes, pensées, rêves… avec une grande liberté de trait et de plume. D’autres carnets, plus polymorphes, recouvrent les idées, projets et rencontres d’une même période.
Fil conducteur de l’exposition, ces documents sont présentés en regard de photographies : elles illustrent les premiers essais de chorégraphe de Carolyn Carlson par des clichés peu connus de la période du Henry Street Playhouse à New York et les grandes créations de sa carrière grâce à l’œil exceptionnel de photographes comme Ted Wester,
Colette Masson, Claude Lê-Anh et Yoshi Omori.
Les calligraphies, présentes dans les carnets, mais aussi sur des papiers de grand format, prolongent le voyage et montrent, par la vigueur et la simplicité du signe noir sur blanc, l’envergure d’une œuvre toujours en devenir.
Née en Californie en 1943 et formée auprès d’Alwin Nikolais à New York, Carolyn Carlson s’installe en France en 1971. En 1974, Rolf Liebermann, directeur de l’Opéra de Paris, la nomme étoile-chorégraphe. Elle s’installe à Venise en 1980 et fonde avec René Aubry le Teatrodanza à la Fenice. Puis elle est accueillie au Théâtre de la Ville à Paris jusqu’en 1991. Elle est ensuite en résidence au Finnish National Ballet et au Helsinky City Theater Dance Company, dirige le Ballet Cullberg à Stockholm, puis la section danse de la Biennale de Venise. Aujourd’hui, elle dirige l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson, centre international de masterclasses, de résidences et de création, qu’elle a fondé en 1999 à la Cartoucherie. Ses œuvres continuent d’être présentées dans le monde entier.