Existe-t-il une vérité au théâtre ? Même lorsque Ophélie perd la raison et chante sa douleur, même au cœur d’une scène mythique qui plonge au plus profond de la souffrance, cette vérité ne saurait être unique.
Five Truths, installation exceptionnelle et singulière, immerge le visiteur dans l’essence intime de la représentation : diffractée sur 10 écrans, enfermée dans une boîte noire où chaque surface reflète le même visage jouant la même scène, diffusée par de multiples sources sonores spatialisées, la vérité s’y révèle complexe et changeante, plastique et lyrique, douloureuse et sublime. Et le visiteur, enfermé avec elle dans une matrice sombre, y guette le surgissement de leurs émotions communes.
Ophélie se tait, Ophélie parle et chante, Ophélie meurt. Katie Mitchell met en scène sa comédienne fétiche, Michelle Terry, en imaginant comment Artaud, Brecht, Brook, Grotowski et Stanislavski auraient représenté cette célèbre scène de la folie d’Hamlet. 5 dramaturges essentiels, 5 styles fondateurs du théâtre contemporain, 5 vérités théoriques s’y livrent, en une œuvre d’aujourd’hui qui expose le théâtre, son histoire et sa nature, dans un rapport immédiat, sensoriel et sensible, avec le public.
Cette installation d’artiste sur le théâtre est le premier geste du nouvel élan que l’association Jean Vilar veut donner à sa Maison : produite par le Victoria and Albert Museum de Londres, elle a été repensée pour prendre place au sein des murs fondateurs du Théâtre Populaire. Pour faire ressentir à tous la profondeur et la nécessité du théâtre.
KATIE MITCHELL
Multipliant les expériences musicales, théâtrales et performatives, Katie Mitchell ne cesse d’explorer les formes, l’envers des images, les angles insoupçonnés, les ombres portées et les échos naissants. Ses mises en scène de théâtre et d’opéra ont, ces dernières années, marqué les esprits : au Festival d’Avignon elle présenta Christine d’après Mademoiselle Julie de Strindberg en 2011, Ten Billion et Die Ringe des Saturn en 2012, Voyage à travers la nuit d’après Mayröcker en 2013 ; au Festival International d’Art Lyrique d’Aix en Provence, elle imposa son univers dans Alcina de Haendel en 2015 et Pelléas et Mélisande de Debussy en 2016. Cette année Les Bonnes (De Meiden) de Jean Genet seront un des événements du Festival d’Avignon.
