Le public est-il le nom du peuple au théâtre ? Jean Vilar s’adressait à tous les publics, mais plus encore à celui qui est éloigné de la culture. C’est pourquoi il est revenu au tréteau, au plein air, créant à Avignon, à partir de 1947, une esthétique de la grandeur à travers les couleurs, les musiques, et la poésie. Car pour être populaire, cette entreprise était aussi une idée de poète.
Un ensemble de documents originaux rappellent les principes fondateurs de Jean Vilar qui affirmait : « Le public d’abord, le reste suit toujours », concluant : « On dit que j’ai un style, non : j’ai une morale. »
Les termes de l’utopie vilarienne ont évidemment changé, mais dans un monde inquiet de sa paupérisation, artistes et pouvoirs publics sont liés par une obligation civique, une responsabilité sociale. La FabricA, qui est inaugurée cet été dans le quartier Monclar, est-elle une réponse au message de Vilar ? Entretiendra- t-elle avec son public une relation aussi sentimentale que celle de Jean Vilar et Gérard Philipe avec le leur ? Les engagements des deux artistes associés du Festival 2013, Dieudonné Niangouna et Stanislas Nordey, auxquels deux salles sont consacrées, participent-ils de cet effort de compréhension du public ? Raconterons-nous aux générations futures une histoire amoureuse du Festival et du théâtre de notre temps ?
Une courte création audiovisuelle propose un « Je me souviens » à la Georges Pérec forcément subjectif que le visiteur pourra compléter ou discuter sur un mur d’expression libre.
Ainsi, c’est à un dialogue entre souvenirs et avenirs qu’invite l’exposition de la Maison Jean Vilar.
En écho, les Cahiers Jean Vilar n°115 traitent de la question du populaire dans la construction des publics, du XVIIIe siècle à nos jours. Textes d’anthologie (Rousseau, Hugo, Zola, Pottecher, Antoine, Gémier, Copeau…), analyses et principales interventions de Jean Vilar, présentation en images de la FabricA. Documents, réflexions, archives, nombreuses illustrations.
Coproduction Association Jean Vilar / Festival d’Avignon
Coordination : Irène Afker (Festival d’Avignon), Jacques Téphany (Association Jean Vilar)
Scénographie : Violette Cros
Photographies : Ilka Kramer
Graphisme : Geneviève Gleize
Documentation : Frédérique Debril
Montages vidéos : Julien Téphany
Voix off : Éric Ruf
Réalisation : Francis Mercier, Romain Stepek